« Scarlett. Ma douce Scarlett. C'est grâce à toi que j'avais commencé tout ça. Ma princesse, tu m'avais été offerte par mon père dans l'illégalité pour mes dix ans. Ma tigresse de Sibérie. Tu étais si belle avec tes petits ronronnements, ton nez froncé. Tes lourdes pattes ornées de griffes, qui faisaient attention de ne pas toucher mon visage. Tu m'as toujours protégée, malgré ton instinct sauvage, tu m'as toujours fait croire que l'amour d'un animal existait. Le tiens, c'était le plus beau. Tes yeux qui brillaient lorsque tu me regardait, allongée sur mon lit. L'avantage d'être la fille d'un directeur de Zoo, personne ne nous disait rien. Le plus bel exemple de ton amour, mon ange, c'était lorsque tu me suivais partout, même dans la piscine alors que dieu sait combien les fauves haïssent l'eau. Mais tu venait te baigner à côté de moi. Maintenant, c'est moi qui te baigne. Je te baigne de larmes. Mon amour, tu as bien vécu. Quatorze ans de bonheur avec toi, je ne les oublierai jamais. Et comme pour me remercier de l'amour que je t'ai donné, tu viens de mettre bas d'un tigron. Un seul. Je sais que tu vivras au travers de lui, mais je sais surtout qu'il est unique en son genre, qu'il ne sera pas toi. Tu t'es battue pour mettre au monde ce petit venu par accident, et tu y est restée, à cause de ton âge avancé. Ta longévité moyenne était de quinze ans, tu t'en es donné un de moins, mais je sais que tu ne m'oubliera pas, là où tu es. Je prendrais soin de lui... Repose en paix, Scarlett... Je t'aime. »

Je les laissais l'emmener pour l'enterrer dignement, et donnai le premier biberon au petit que j'avais prénommé Sengar, avec le lait que j'avais u extraire de sa mère, afin de lui donner le colostrum qu'il lui fallait pour sa survie. Je séchai mes larmes, l'enveloppai dans un plaid polaire qui avait appartenu à sa mère, puis le berçai contre moi, le regardant s'endormir, après avoir baillé et s'être étiré les pattes antérieures. Je l'aimais déjà ce petit, il était fantastique. Ses mimiques, sa frimousse et ses yeux bleus marine étaient la copie conforme de sa mère, comme si elle l'avait fait tout seule. Je le regardais tendrement, me balançant sur le Rockin Chair. Mon petit Sengar, je saurais l'aimer tout comme j'avais aimé ma princesse. Je me mis à chanter la berceuse de Scarlett. Les larmes perlaient sur mes joues. De joie comme de peine. Mais bon, j'avais un nouveau né à élever. Et je ferais tout pour qu'il soit le plus heureux des animaux.