Silviana & Jyra ♥

Je me trouvais dans cette forêt, sombre. Ma famille entière avait été tuée, et au moment où j'allais me faire mordre par un cobra à mon tour... Je sortit de mon rêve en sursaut. Je revivais la terrible scène à chaque battement de cil, à chaque seconde de repos. Et cela me faisait très peur. Toute tremblante, je sortis de mon panier, et étirai mes membres avant. J'étais terrorisée de ce qu'il s'était passé il y a quelques jours. Depuis, j'avais fait un long dodo s'étalant sur plusieurs jours. Mes muscles étaient atrophiés, mais je parvenais doucement à les bouger. Je testais chacune de mes articulations avec précautions. Je ne ressentis qu'une seule douleur, au niveau de la cuisse gauche. Là où le cobra m'avait injecté son venin. Trop peu pour me laisser quelconque séquelle, sauf une belle plaie infectée, malgré les soins prodigués par mes sauveurs. Tiens, d'ailleurs, s'étaient-ils occupés de moi lorsque je dormais ? J'osais espérer que oui, et que ce soit celle qui m'a sauvée. La première qui m'as nourrie après la mort de ma mère. J'étais sevrée depuis maintenant quatre mois, mais j'avais le tort de ne pas savoir chasser. Peut-être qu'ici, on ne chasse pas ? De toute manière, sans maman, je ne saurais jamais chasser. Il faudra aux soigneurs m'apporter de la viande. Mon ventre se tordait, ma gorge me brûlait. J'avais très faim. J'émis un petit miaulement, puis coursai un petit papillon sans défense, non as pour le manger, mais pour jouer. J'avais besoin de me défouler, et j'arrivais à détendre mes muscles avec une rapidité extraordinaire. Je me défoulais dans les dizaines de mètres carré de jungle aménagés. Je sautai dans les buissons, me roulai dans le peu de boue causé par la pluie de la nuit, puis me couchai dans un parterre fleuri, et arrachai avec peine les bouloches dans mes coussinets. Maman n'était plus là pour le faire... N'avais-je donc personne ? Je tentai d'imaginer ce que pourrait-être ma relation avec un humain. Maman m'avait toujours dit qu'il ne nous voulaient que du mal, nous tuer pour créer des tapis, des vêtements, des accessoires de mode ou des chaussures. Mais « Elle » m'avait sauvée. Elle m'avait câliné. Et injecté un anti-poison. Elle ne me voulait pas de mal. Je me sentais si seule ici, que j'attendais même avec impatience qu'elle revienne. Quitte a perdre ma peau, aujourd'hui ou demain, j'étais enfermée, aucune issue n'était possible, alors je tenterai de lui faire la fête. Je saurai. Ce que je ne savais pas encore, c'est que je faisais parti des animaux pour la reproduction, et qu'en plus de mon « jardin », j'aurai une place dans une pièce chauffée et aménagée... A ce moment, je pensais... Non, je ne sais même pas ce à quoi je m'attendais. J'avais si faim, si soif, cette plaie me démangeait. Je me mit à la grattouiller avec férocité à l'aide de mes dents... Ce qui n'arrangea évidemment rien à rien.

Mon téléphone sonna, signe que c'était l'heure de me lever. J'avais passé une nuit très agitée, nimbée de rêve sur Richard. Il allait falloir que je décide à tirer au clair ce que je ressentais pour le jeune comportementaliste. Me levant, je m'étirais, ayant passé une nuit à me tourner dans tous les sens dans mon lit. Me glissant sous la douche, je reçus un sms de mon frère jumeau. Qu'est ce qu'il me voulait le prof? Je pris le temps de prendre ma douche avant d'aller lire mon sms, chantant à tue tête la nouvelle chanson de Shakira. Autant vous dire que je chantais assez bien mais pas trop non plus. Pas assez pour être chanteuse en tout cas. Sortant de la douche, je m'entourais dans une grande serviette et marchait jusqu'à mon téléphone. C'était donc bien mon frère qui me rappelait d'aller voir si Jyra était réveillé. Comme si j'allais oublier! Je savais que c'était normalement aujourd'hui qu'elle devait sortir du coma artificiel où on l'avait plongé depuis qu'elle était arrivé à Wild Animal Ranch, quelques jours plus tôt.

Me séchant donc en vitesse, je mis un pantalon noir et un t-shirt bleu pour aller avec. Je pris tout mon nécessaire pour soigner les plaies de Jyra et je fis une bifurcation par l'endroit où on rangeait les aliments pour les animaux. Jyra avait son sceau de viande. Je me doutais qu'après quelques jours de jeun, la petite tigresse aurait faim. Prenant son saut, je mis une paire de botte et pris la direction de l'enclos de Jyra. J'essayais de voir si elle était sortit du panier qu'on lui avait mis dans l'enclos. Alors que je pensais qu'elle était toujours endormis, je vis un éclair blanc courir dans l'extrémité droite de mon regard. Tournant la tête, je vis que c'était Jyra qui courrait après un papillon. Entrant dans l'enclos, je posais mon sceau et mon nécessaire.

"Jyra. Ma belle."

Allait elle reconnaitre le son de ma voix, qu'elle avait déjà entendu quand je l'avais sauvé?

Je fis croire au petit papillon qu'il allait bien trop vite pour moi, pour lui épargner la vie, lorsque des pas se firent entendre. Méfiante, je tournais la tête, et me pris un tronc d'arbre. * Roaar *. J'émis un petit grognement désespéré, puis relevai la tête et reniflai les odeurs. Lavande, Jasmin, Amaryllis, plantes exotiques, herbe, humain. Humain... Silviana ! Elle était là ! Si j'avais pu, je me serais écrié :

« Tu es revenue ! »

Lorsqu'elle m'appela. D'un nom inconnu, que j'avais entendu juste avant de m'endormir, quelques jours auparavant. Sa voix était douce, chaleureuse, je n'avais qu'une envie, lui sauter dans les bras. La solitude m'avait fait oublier ma peur noire des bipèdes. Mais, de tout façon, Silv n'était pas une humaine comme les autres. Elle, elle me comprenait, je le savais. Je miaulai brièvement de mon cri de tigron et galopai jusqu'à elle en quelques secondes. Je fis un bruit d'enfer de ma patte avant droite sur la porte de la grille, lorsque je sentit la viande. La viande... J'avais si faim. Si je ne voulais pas dévorer tout cru ma sauveuse, et perdre donc le seul amour et les seuls soins qu'ils me restaient, il fallait que je commence par avaler ce met fumé. Du boeuf ! Que ça sentait bon ! Je la prévint de mes signes de têtes et de l'arrêt de mes ronrons qu'il faudrait d'abord me donner la viande, par pure sécurité. Je n'aurai jamais pensé pouvoir protéger quelqu'un en mangeant, mais j'avais si faim que Dieu sait ce qu'il aurait pu se passer. Je me frottai contre la grille, ce qui dégagea un nuage de poussière de boue séchée. Beurk ! J'étais dégoutante. Mais il n'y avais pas de rivière dans mon enclos. Ni les lapements de ma maman... Je tentai de rugir comme un adulte, mais un brusque ronron mal assuré en sortit, ce qui était très drôle. Je fermai les yeux, ronronnait, puis les rouvrit en grand, et grattai à nouveau la grille, impatiente de manger et de la retrouver.